Limites des nanotechnologies
Bien qu’une révolution du médical semble proche avec l’arrivée des nanotechnologies, il ne faut pas oublier les risques qu’elles entraînent et leurs limites.
Tout d'abord, il existe des risques liés à la toxicité.
A ce jour, il est difficile de mesurer la toxicité d’un produit aussi complexe sur l’organisme, surtout sur le long terme. De nombreux médicaments par le passé ont été prescrits pendant des décennies avant d’être retirés du marché, car ils avaient parfois entraîné une hospitalisation voire le décès. Ce fut le cas du scandale du Médiator par exemple. Il paraît donc impossible d’estimer toutes les implications futures de cette nouvelle médecine sans un minimum de recul.
Par conséquent, les chercheurs explorent longuement toutes les possibilités conduisant à un risque potentiel pour l’organisme. Ainsi de nombreuses et longues expérimentations ont cours pour tenter de résoudre le problème de toxicité avant une commercialisation de nouveaux produits. Néanmoins, malgré les mesures de précaution prises, des inconnues persistent. Tout d’abord, les nanoparticules présentent des dangers de par leur taille. Leur localisation est difficilement observable dans l’organisme (si ces nanoparticules ne sont pas visibles par l'intermédiaire d'une imagerie médicale). Plus sa taille est petite, plus la nanoparticule est capable de s’infiltrer avec facilité dans les organes non ciblés du corps humain. Le risque majeur est l’accumulation de ces substances dans des « conduits » non appropriés tel que l’artère alvéolaire, pulmonaire qui conduit alors à une gêne du flux sanguin. De plus, on ne connaît pas encore leur devenir dans l’organisme, comment vont-elles évoluer au sein même de l’organisme humain.
Toutefois, la majorité des scientifiques estime qu'il serait déraisonnable de ne pas continuer les recherches sur la toxicité éventuelle des nanostructures pour la santé, tout en gardant à l'esprit la notion essentielle de détermination de la dose à partir de laquelle les nanoparticules pourraient être toxiques. Le manque de recul vis-à -vis des conséquences des nanotechnologies nous empêche de cerner les véritables risques et effets secondaires potentiellement encourus. Des recherches dans plusieurs pays, notamment en Europe et aux Etats-Unis sont en cours et tentent de mettre un terme à toutes ces imprécisions.
D'un autre côté, les nanotechnologies présentent des limites en raison du coût de la recherche et de la complexité de production des produits.
Posé en terme économique, le débat s’attache à poser les coûts et les bénéfices attendus pour en tirer un rapport bénéfices/risques afin de continuer ou non la fabrication de tels produits sur le marché. On le sait, les avancées scientifiques ont un coût considérable, qui ralentit les recherches et réduit leurs applications.
Or, si quelques nanomédicaments sont d'ores et déjà disponibles pour le traitement de cancers (Caelyx®, Abraxane®, Daunoxome®), de certaines maladies infectieuses (Ambisome®) ou pour le diagnostic (Endorem®), tandis que d'autres sont au stade d'études cliniques de phase I, II ou III , il demeure à ce jour une insuffisance de l’exploitation des nanomédicaments en raison de leur coût. Même si depuis un vingtaine d’années, on observe une tendance à la baisse des prix, ceux-ci doivent encore diminuer considérablement afin de permettre une commercialisation en clinique.
En effet, du côté des pouvoirs publics, des efforts devraient être faits pour encourager financièrement la pluridisciplinarité au travers de projets ambitieux, comme par exemple le projet gouvernemental «Nano-Innov » qui, dès 2009, proposait un plan de relance de 70 millions d’euros. Il devait permettre de donner à l’industrie française les moyens de réussir le virage des nanotechnologies et en déduire les applications possibles. Ce plan reposait notamment sur la création de centres d’intégration des nanotechnologies de Grenoble, Saclay et Toulouse où la recherche fondamentale (physiciens, chimistes, pharmaciens) devait travailler avec les entreprises pour mettre au point des technologies, déposer des brevets et créer des produits. L’inauguration du site de Saclay (91) eut lieu en février 2012, mais à l’heure actuelle, ce projet tarde à démarrer, faute de financements adéquats: une cinquantaine de personnes issues des équipes de recherche de Télécom SudParis et Télécom ParisTech se sont installées au sein des bâtiments Nano-Innov à Palaiseau et contribuent au développement de la thématique Nanosciences / Nanotechnologies.
De même, dans les laboratoires pharmaceutiques, les recherches en nanotechnologies restent marginales faute de financements suffisants, alors qu'elles pourraient générer des bénéfices thérapeutiques significatifs et constituer un relais de croissance, à l'heure où l'attente de nouveaux médicaments, dans de nombreux domaines de la santé, n'a jamais été aussi forte.
De manière générale, une dizaine d’années au minimum sépare une application chez l'animal, à une application sur l'homme. D’ici une vingtaine d’année certains de ses projets seront sur le marché. Cependant l’accessibilité à tout public est difficile dans le domaine médical, de nombreux scientifiques semblent réticents, compte tenu des risques présents.